L’année 2020 restera dans l’histoire comme une année de crise avec des baisses de chiffre d’affaires significatives qui toucheront également le transport de fret européen. Les effets à long terme de la pandémie du Covid-19 ne sont pas encore prévisibles. Lors de l’analyse de la situation, il faut toutefois tenir compte du fait que les prévisions logistiques étaient déjà pessimistes avant la pandémie, comme le montrent les études de PwC et de BGL. Et comme toute crise, celle de la pandémie révèle des opportunités et des potentiels, notamment dans le domaine de la numérisation.

Au cours des dernières décennies, il a rarement été possible d’identifier une seule cause aux mouvements de baisse conjoncturelle et à la hausse du chômage. C’est particulièrement vrai dans une économie mondialisée, où il est difficile d’avoir une vue d’ensemble des interactions. La pandémie du Covid-19 a toutefois posé de nouveaux jalons dans ce domaine, elle est sans aucun doute la cause principale de la crise économique mondiale actuelle.

Le virus contribue pour une part considérable à l’ampleur et à la rapidité de la récession. Le risque élevé de contagion et les voies de transmission insidieuses entraînent des pertes de chiffre d’affaires drastiques dans certains secteurs économiques comme la restauration, le tourisme, l’hôtellerie ou l’aviation. En raison de l’évolution dynamique du nombre d’infections qui s’est à nouveau produite depuis le début de l’automne, il faut s’attendre à ce que la situation dans ces secteurs s’aggrave encore.

Recul de 8,6 pour cent

Le secteur européen du transport et de la logistique est également touché par la crise du Covid-19. Selon les calculs de la société d’audit et de conseil PwC, la valeur ajoutée brute devrait reculer de 8,6 pour cent en 2020. Ce n’est que lentement et dans un scénario dit « U » que le secteur se rétablira, peut-on lire dans le « Transport and logistics barometer », une analyse publiée en juillet par PwC. Il ressort en outre d’une étude actuelle du cabinet de conseil McKinsey & Company que c’est justement dans le secteur du transport et de la logistique que la peur des faillites augmente dans les PME en raison du phénomène du Covid-19.

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Déjà en baisse avant le Covid-19

L’analyse conjoncturelle de la Bundesverband Güterkraftverkehr Logistik und Entsorgung (BGL) est tout aussi pessimiste. Celle-ci constate toutefois aussi que la situation commerciale dans le secteur de la logistique de transport était déjà en recul bien avant la crise du Covid. C’est ce qui ressort d’une enquête menée régulièrement par l’association professionnelle, à laquelle 266 entreprises de transport ont participé. Selon cette enquête, le chiffre d’affaires était déjà en baisse au quatrième trimestre 2019.

Le solde de la situation commerciale, l’une des principales mesures de la situation économique des entreprises, est tombé à une valeur de moins 25 pour cent, selon le rapport. De même, les valeurs prévisionnelles pour le premier trimestre 2020 étaient déjà « nettement négatives » avant la pandémie. Pour le premier semestre, 32 pour cent des personnes interrogées étaient déjà pessimistes à l’époque. Et dans tous les autres domaines également, la BGL atteste de la « pire valeur depuis presque sept ans”.

La conjoncture a longtemps ronronné

Cela montre clairement qu’au moins l’Europe a glissé vers une (mini-)crise dès 2019, même sans pandémie. Après une dizaine d’années de reprise économique en Allemagne, cela n’avait rien d’étonnant. Au vu du boom persistant, les économistes s’étonnaient de toute façon déjà du ronronnement incessant du moteur conjoncturel.

Ceux qui, en tant qu’entreprises de transport et prestataires de services logistiques, avaient jusqu’à présent misé relativement fortement sur les clients du secteur automobile, ont été particulièrement touchés par la pandémie. Auparavant, les discussions sur le changement climatique et les interdictions réelles de circuler dans les centres-villes avaient déjà fait perdre à de nombreux automobilistes l’envie de rouler en voiture diesel ou à essence. Faute d’alternatives électriques et d’une infrastructure de recharge fiable, les constructeurs premium allemands perdent actuellement de nombreux clients au profit de Tesla, qui est le seul constructeur automobile à briller par ses chiffres noirs, même en temps de crise.

Pour beaucoup, c’est la crise du Covid-19 qui a fait apparaître la nécessité de la numérisation.

Une opportunité en temps de crise

Mais même avec un portefeuille de clients équilibré, 2020 sera une année difficile pour les logisticiens, car la demande s’effrite sur un large front, à quelques exceptions près. « La question est maintenant de savoir à quelle vitesse et de manière durable le secteur pourra se rétablir. La numérisation et les innovations joueront un rôle central à cet égard », souligne Ingo Bauer. Le responsable du secteur transport et logistique chez PwC Allemagne s’attend à ce que la crise ait quelques effets durables sur le secteur.

Ainsi, pour beaucoup, ce n’est que par la crise du Covid-19 que la nécessité de la numérisation est devenue visible. Rien que les distances de sécurité sur le lieu de travail ne peuvent généralement être respectées qu’avec un grand nombre d’employés travaillant depuis chez eux. Les systèmes modernes de gestion des transports et de télématique constituent ici la base qui permet d’envoyer même les planificateurs à domicile. Cette liberté augmente également l’attractivité en tant qu’employeur.